D'Imi-N-Tanout

D'Imi-N-Tanout Sloughi

Sloughi

Interview de Mr EL BAROUDI, président de la S C C MAROCAINE

Propos recueillis par Pascal KERVEILLANT à  l’occasion de la Nationale d’élevage du SLAG à  CHITENAY le 18 juillet 1992, ou Mr EL BAROUDI jugeait les sloughis Européens.

J’aimerais que vous nous parliez du Sloughi, la race dont vous vous occupez plus particulièrement

C“est le club Marocain du Sloughi, bien structuré depuis une trentaine d’années, qui s’occupe de cette race. Beaucoup de juges ont été formés et des expositions organisées dans les berceaux d’élevage. A chaque exposition, nous réunissons 3 à 400 sloughis. Il  a été maintenu dans une pureté de race exceptionnelle.



Au MAROC ?

Oui. au MAROC, ou il est élevé à la campagne par des gens très modestes. Auparavant c’était l’apanage des grands seigneurs, maintenant, tout le monde peut en posséder un. Au temps de la présence française il a été un concurrent pour les chasseurs.



Les Marocains ont du subir la loi f
rançaise interdisant la chasse au lévrier ?

Il était interdit  au sloughi de chasser et il pouvait être abattu à vue. En plus de cela, dès qu’il se trouvait un beau sloughi, il était pris par le seigneur de la région, d’où la réticence des propriétaires de sloughi à exposer leurs plus beaux spécimens. Si au début, les plus  beaux sloughis n’étaient pas montrés, depuis une dizaine d’années, c’est le contraire, grâce aux structures cynophiles. Nous avons maintenant un élevage florissant.

Quelles sont les aptitudes du Sloughi ?

C’est un lévrier qui chasse à vue, il continue de chasser le renard et n’est pas élevé pour sa beauté, mais pour sa productivité. C’est  une tradition ancienne qui s’est transmise de père en fils. Ce n’est pas un chien pour les Marocains,on l’appelle ‘‘hor’’, c’est a dire le pur. Il a un traitement particulier par rapport autres chiens car  a le droit de rentrer dans la maison,de se mettre sur les plus beaux tapis. Il est très bien entretenu.

Est – ce qu’ils chassent et quels sont leurs gibiers ?

Ils  chassent tous les weck -ends et vont chercher leur lièvre. En  principe, la chasse est interdite, la loi est toujours en vigueur, mais il existe une tolérance; c’est un patrimoine national et dans les campagnes  gens continuent à chasser avec leur sloughi, le lièvre, le chacal, dans certaines régions avec les sloughis un peu plus lourds, le sanglier. Auparavant, ils chassaient les gazelles.

Actuellement, les gazelles sont protégées et le fusil est certainement le responsable  de sa disparition.

Oui, bien sûr.


Et la morphologie ?

Par opposition à ce que j‘ai vu aujourd’hui ici, ce sont des chiens assez robustes, pas du tout fragiles, d’endurance, très bien équilibrés et très courageux, très attachés à leur maître.


Quelle importance accordez vous  aux termes du standard “ finesse des tissus et sécheresse musculaire” qui caractérise l’apparence générale du  sloughi.

Effectivement, le sloughi est un chien très typé, très racé. Ce qui participe à ce  phénomène, sont justement des tissus qui sont fins, avec un poil très soyeux, des muscles plats, mais très bien dessinés. L’ossature est assez forte,  le sloughi n’est pas un chien fragile. Sou allure est noble, c’est un chien qui a beaucoup de classe, surtout en mouvement et c’est une classe qui est naturelle. Il a des yeux en amande, très bien pigmentés, le bord des paupières est aussi très bien pigmenté.

Comment devons nous comprendre la phrase du standard  “la largeur de la tête, d’oreille a oreille est de 12 a 13 cm”?

 Le sloughi est un chien de chasse  à l’origine, qui a été sélectionné depuis des millénaires. Il est  venu d’Orient  en suivant  les caravanes, a traversé plusieurs déserts. Il est bien entendu que si c’était un chien qui n’avait pas une  certaine rusticité, il n’existerait plus. Il a été  sélectionné par la  nature, une nature très inhospitalière, le crâne est donc assez large, le sloughi n’a pas le crâne étroit, ce n’est pas un saluki. Le crâne  étant large, il a des mâchoires très fortes. Donc cette dérive de  sloughis qui ont les crânes  étroits n’est pas une bonne chose.

Ne pensez vous pas que si l’on a écrit dans le standard que le crâne  était “assez large”, (c’était en comparaison avec le Greyhound qui, à l’époque de la découverte du Sloughi  par les européens, constituait la référence? On voulait  dire par là que le Sloughi avait le crâne plus large que le Greyhound .

Le crâne du vrai Sloughi est large. Toutes proportions gardées, - on évalue une région dans son ensemble- le museau étant très  pointu, très affiné, le crâne paraît assez large. Un crâne de 12 cm est large.

Aujourd’hui, vous n’avez pas jugé de sloughis possédant un crâne de 12 cm.

Si, il y en avait, et on a vu quelques beaux spécimens avec d’excellents crânes. Je voudrais faire  une remarque concernant les jugements d’aujourd’hui, Je n’ai pas trouvé un élevage homogène. il y avait des défauts  d’oreilles, de crâne,  de poitrine, des chiens plus longs que hauts,  certains avec des croupes avalées.

Entendez vous par un élevage peu homogène des  sujets appartenant à des types différents?

Effectivement, il y avait des sloughis légers, trop légers.

La provenance des sujets présentés aujourd’hui était très diverse, ils venaient de plusieurs pays d’Europe et du Maghreb pour certains. Cela pourrait expliquer le manque d’homogénéité

Oui, mais en principe, je pense qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes au niveau de la tête. Avec un élevage bien mené, on devrait avoir de belles têtes. Un sloughi, c’est d’abord sa tête. Il faudrait un effort plus soutenu concernant les ports d’oreilles, des têtes mieux faites, une pigmentation correcte. Nous avons vu ici des chiens qui présentaient des défauts de pigmentation, avec des truffes décolorées, des ongles blancs et des couleurs de robes trop claires.

Qu’avez-vous pensé de la couleur des yeux  des sujets qui vous ont été présentés?

Ils étaient corrects.

Et le point du standard “ avec une robe claire, l’oeil est généralement ambré ”?

L‘oeil clair est un défaut, ambré n’est pas clair.

Vous considérez que la couleur sable très claire ( diluée) est un défaut.

Non, mais aujourd’hui j’ai vu des sloughis avec des robes claires et une mauvaise pigmentation. Il n’y en avait que quelques uns, heureusement. Il faut faire attention qu’il n’y ait pas de mauvaise pigmentation. Les robes claires avec des yeux et des ongles bien pigmentés ne posent pas de problèmes 

Et le blanc lavé, terme employé par un ancien standard pour désigner le sable très clair, presque blanc ?

Cela n’existe pas. Le sable clair est admis à condition qu’il n’y ait pas de problème de pigmentation.

En Europe, nous faisons une différence entre les robes à manteau noir et les robes noires marquées de sable ( quatroeillé), est-ce que le terme du standard “manteau noir” recouvre ces deux notions?

Le manteau noir peut être effectivement assez important jusqu’à laisser des traces de fauve au niveau des lèvres, des mouchetures  au dessus de l’oeil, des pattes, et autour de l’anus.

Pour revenir à la tête, est ce que les axes du crâne et du chanfrein sont parallèles ou bien légèrement divergents ?

Les axes crânio-faciaux sont parallèles et le stop à peine marqué. Le standard est bien clair. Pour les gens qui connaissent bien le Sloughi cela ne pose aucun problème, car le Sloughi est un chien tellement  typé que l’on est  tous d’accord sur l’essentiel. Ce sont des éléments qui sont sous tendus par son  utilisation. Ce n’est pas un chien de salon. Si vous avez un chien très léger et fragile, il va se casser à la première utilisation. Ce n’est pas le but que  l’on recherche chez le Sloughi.


Article paru dans la revue VOS CHIENS MAGAZINE n° 99 : pour en savoir plus : appeler le 04.75.31.96.39  Avec l’aimable autorisation de Mr Serge SANCHES




J'ai organisé cette nationale d'élevage ou officiait  Mr EL BAROUDI; elle était couplé avec une présentation de magnifiques pur-sangs arabes, et à la fin du WE, nous avions offert en prime au public et aux manifestants des démonstrations de CHEVOLE : la PVL avec des lévriers poursuivant un leurre tracté par un pur sang  avec les commentaires de son inventeur Max Yves BRANDILY; du grand spectacle inovateur

Commentaires du Président du SLAG

L’interview de Monsieur EL BAROUDI que vous venez de lire a paru dans le numéro 99 (mai 1993) de la revue ‘VOS CHIENS MAGAZINE”. Il m’est particulièrement agréable de remercier ici Monsieur SERGE SANCHES, directeur de cette publication, qui nous a très aimablement autorisés à insérer ces propos de M. EL BAROUD! dans notre revue.

Je rappelle que M. le docteur EL BAROUD! est à la fois Président de la Société Centrale Canine Marocaine et du Club Marocain du Sloughi. Il est donc, et à double titre, la personnalité la plus autorisée à nous faire connaître l’opinion officielle de la cynophilie Marocaine, détentrice du standard, sur tous les points abordés, et qui sont souvent ceux qui divisent amateurs et éleveurs européens.

M EL BAROUD I nous rappelle à plusieurs reprises que le Sloughi est un lévrier qui chasse le lièvre, le renard, le chacal et éventuellement le sanglier, et en aucun cas un “chien de salon”. Il est donc “assez robuste”, doté d’une “certaine rusticité”; “l’ossature est assez forte”. A plusieurs reprises, le Président de la SCC Marocaine insiste sur le fait que le Sloughi ne doit pas être “trop léger et fragile”, au risque de “se casser à la première utilisation”. Et, ce qui semble à la première lecture évident, ‘‘Ce n’est pas un Saluki’.. Il ne me semble pourtant pas inutile d’insister sur ce point, une dérive vers un type trop léger semblant s’être amorcée chez nous depuis quelque temps, dérive que notre invité a bien sûr remarquée, et contre laquelle il nous met clairement en garde.

Le Président EL BAROUDI affirma aussi, à juste titre à mon avis, qu’un Sloughi, c’est d’abord sa tête”! Il est ensuite très explicite à ce sujet: le crâne est large; un crâne dont la largeur d’oreille à oreille est de 12 cm (conformément aux termes du standard) existe bel et bien, au Maroc bien sûr, mais aussi en Europe, et c’est une qualité! De plus, “les axes crânio-faciaux sont parallèles et le stop à  peine marqué’’.

L’importance d’une bonne pigmentation est aussi évoquée, et nettement dissociée de la couleur de la robe. L’oeil doit être le plus foncé possible, et ce,  quelle que soit la couleur de robe.

La question du format est à peine effleurée, mais les jugements de notre hôte ont prouvé qu’il y attachait une très grande importance, ainsi qu’à la longueur de la poitrine.

Il me semble, en conclusion, que ces propos de Mr  EL BAROUDI sont porteurs d’enseignements qui permettront à chacun d’entre vous, s’il souhaite élever, de choisir les futurs géniteurs de la manière la plus propice à la conservation  du type ancestral du Sloughi. Ce texte est donc à lire et à méditer, afin d’améliorer la qualité d’ensemble le de notre population sloughi.




Les  commentaires paraissent  avec l'autorisation de Mr Francis MEUNIER , président du club français du  Sloughi, et  i

ls sont encore , d'actualité pour certains points......